Qu’est‑ce que l’écologie linguistique ?

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L’écologie linguistique ou écolinguistique est une branche de la linguistique qui étudie, dans leurs environnements social et géographique, la coexistence et les interactions entre les langues anciennes et les nouvelles. L’écologie linguistique s’inspire de la biologie pour étudier les langues comme des organismes vivants : certaines meurent, d’autres naissent ou même s’absorbent les unes les autres.

 

On doit la première référence à l’écologie linguistique à Einar Haugen, un linguiste américain, qui en 1970 a adapter l’écologie scientifique, qui étudie les interactions des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, à la linguistique. En France, Louis‑Jean Calvet est parmi les premiers à s’être approprié ce concept. « On essaie de comprendre ce qui se passe si l'on considère les langues comme des espèces. ». Il décrit le rapport d'une langue et de ses utilisateurs avec les mêmes mots qu'un biologiste : « La relation entre une langue et ses locuteurs est un peu la même que celle d'un parasite à son hôte : la langue ne peut pas exister sans les gens qui la parlent. ». De même, il y a des prédateurs et des proies, une langue pouvant être menacée par celle de la région voisine.

Comme nous l’avions vu dans un blog précédent, il y a aujourd’hui environ 7100 langues parlées dans le monde et pour certains linguistes, une langue devrait atteindre le seuil des 100 000 locuteurs pour être considérée comme « viable ». L’Unesco estime que la moitié des langues aura probablement disparu d’ici la fin du siècle. Un Atlas des langues en danger dans le monde est disponible sur leur site. Les langues y sont répertoriées et classées selon le degré de menace. Comme l’explique l’Unesco, « les langues sont menacées par des forces externes telles qu'une domination militaire, économique, religieuse, culturelle ou éducative ; ou par des forces internes comme l'attitude négative d'une population à l'égard de sa propre langue. »

 

Ce constat étant fait, il apparait que l’objectif de l’écologie linguistique n’est pas réellement de défendre des langues en danger. Il s’agit plutôt d’observer leur évolution. Pour Louis‑Jean Calvet, « Si on comprend pourquoi les langues sont menacées, on pourra décider s'il faut ou non les protéger. ». Certains éco‑linguistes étudient l'émergence de langues nouvelles.  En Afrique du Sud urbaine par exemple, du zoulou découlent ainsi au moins quatre ou cinq dialectes ruraux et au moins trois dialectes urbains, dans les trois plus grandes villes du pays. Autant de variétés de langues qui émergent, sans être reconnues par les statistiques de l'Unesco.

 

Donc, l’écologie linguistique ne propose pas de sauver coûte que coûte chaque langue, il s'agit plutôt de réfléchir à la bonne manière de garantir à chacun de vivre avec la sécurité sociale et culturelle les plus élevées possibles.

Les considérations économiques sont d’ailleurs de plus en plus intégrées dans l’écologie linguistique qui pose les questions suivantes :  quels sont les coûts liés à la diversité linguistique – et qu’apporte‑t-elle à un État ? Combien d’emplois crée‑t-elle ? Qu’est‑ce que l’utilisation délibérée du langage peut contribuer à résoudre les conflits ? Comment préserver la diversité linguistique du monde – et existe‑t-il un lien entre diversité linguistique et paix ?

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